Partir en camp, c’est toujours toute une aventure. Et avec nos collégiens des Mureaux, l’aventure tient du périple, et ce dès les jours qui précèdent le départ. Car une fois les autorisations à remplir par les parents distribuées, nous entrons dans le flou le plus complet concernant le nombre de jeunes que nous emmènerons. Les papiers, ainsi que la participation financière aux frais du camp, peuvent nous arriver jusqu’au dernier moment, et il arrive régulièrement que des enfants se présentent avec lesdits papiers le matin du départ seulement et sans avoir seulement préalablement manifesté leur désir de participer au camp.
C’est dans ce contexte que nous avons préparé le camp sous tente à l’intention des adolescents garçons des Mureaux qui s’est déroulé la deuxième semaine des vacances scolaires. Finalement, ce furent 10 jeunes que nous emmenâmes à 30 kilomètres de leur cité chérie, à Villers-en-Arthies, dans le Vexin français.
Nous sommes parti à vélo, et il fallu pas moins de cinq heures à nos semblant de scouts pour arriver à destination, après avoir, par monts et par vaux, contemplé la beauté que le printemps étale entre Paris et la Normandie.
Que dire des jours qui ont suivi ? Certes, ce ne furent pas des jours de tout repos, et nos braves loulous parachutés tant bien que mal dans un scoutisme approximatif aux mœurs absconses surent bien nous manifester leurs difficultés à apprécier le goût de l’effort, du service et de la discipline. Le lever, le traditionnel dérouillage du matin, la vaisselle … furent autant de combats qui, malgré leur pénibilité, furent toujours de belles opportunités pour tâcher de faire comprendre à ces adolescents le sens de l’obéissance et l’exigence de la vie en communauté. Le cadre que nous nous efforçons de leur poser, nombreux sont ceux qui ne l’ont pas à la maison et ont grand besoin de s’y heurter pour trouver les saines limites d’une croissance ordonnée.
Aux cours des premiers jours de camp, les colères de nos loulous disparaissaient bien vite et les grands jeux offraient chaque fois le temps et l’espace d’une réconciliation. Ainsi passèrent trois jours agréables à défaut d’être reposants, dans la rapide succession des joies et des prises de bec. Le quatrième jour, le groupe se scinda en deux, et la moitié de nos garçons firent sécession entraînant rapidement l’autre moitié à refuser les activités du camp pour se regrouper dans leur coin. Après plusieurs tentatives de rassemblement, nous avons du renvoyer quatre des campeurs aux Mureaux prématurément, pour finalement terminer le camp avec les restants un jour avant l’échéance prévue. L’incident ne nous empêcha pas de passer une fin de camp plutôt tranquille, et nous pûmes à notre retour rencontrer les familles des enfants qui avaient été exclus pour discuter, en présence de l’enfant, du rôle de la sanction qui ne laisse pas de rancune en nos cœur et ne rompt pas la relation. Le lendemain de ces visites de familles, nous réunissions les enfants une dernière fois, aux Mureaux, pour un foot tous ensemble, ce qui fut l’occasion d’un beau moment d’unité dans la joie, laquelle étant en elle même une bien belle pédagogie.
L . B