« Ensemble et différents, prenons soin de notre pays » fut le thème du colloque annuel du Rocher, le 6 décembre 2016. L’occasion de témoigner de l’espérance à l’œuvre tous les jours dans les cités dites sensibles où, le plus souvent, on souhaite vivre ensemble, en paix. Une magnifique rencontre à revivre en vidéo… ou en récit.
Le choix avait aussi été fait cette année d’organiser le colloque au sein même d’une cité, celle de la Noue-Caillet au nord de Bondy en Seine-Saint-Denis, là où a été fondé le Rocher il y a 16 ans. Une première surprise attendait les 107 participants au colloque… Accueillis par les membres du Rocher à l’écharpe tricolore, les participants ont tout de suite été invités à aller, par petits groupes formés de personnes qui ne se connaissaient pas en arrivant et conduits par un habitant de la cité, à se rendre au marché de Bondy nord, à 100 mètres de là. Le but était d’aller récupérer un foulard blanc, bleu ou rouge, auprès des marchands Aïssa, Salama et Mina, qui vendaient leurs fruits et légumes sous la halle en arborant eux-mêmes autour du cou un foulard de l’une des trois couleurs. Une bonne entrée en matière pour le colloque ! Les invités recevaient une des trois couleurs du drapeau français, des mains des marchands de Bondy nord.
Le colloque a ensuite démarré avec un bilan/perspectives du Rocher, dressé par le président de l’association Alain FROMENT et son directeur Jean-François MORIN, puis les échanges ont pu commencer entre les invités, en s’inspirant du « café philo » lancé au Rocher des Muraux en 2013 et étendu à celui de Bondy en 2015. Ainsi, à chaque séquence du colloque, des animateurs ont ouvert la discussion par un court témoignage personnel avant de donner la parole aux participants : habitants, donateurs, institutionnels et fondations privées, la règle du « café philo » étant que chacun puisse s’exprimer librement sans être interrompu et que le maximum de personnes puisse intervenir chacune à son tour dans un esprit de bienveillance mutuelle.
Après les ateliers eut lieu la plénière, animée par Michèle Longour, journaliste indépendante, fondatrice et responsable éditoriale du site internet reussirmavie.net (http://www.reussirmavie.net), qui a rassemblé tous les participants, d’abord pour une restitution des ateliers, puis pour la poursuite en grand format, des échanges sur le thème du colloque. Là encore quelques morceaux choisis glanés au gré des prises de parole « Une belle façon pour nous, au Rocher, de répondre aux attentats, a été d’organiser il y a pile un an, avec des organisations musulmanes et d’autres associations de Bondy, un « don du sang solidaire » par binôme de personnes d’origines différentes : Sabah et Cyril, Hakima et Pierre, Samir et Jeanne etc. avec interview à la clé sur la raison de la démarche. Cela revenait pour nous tous à donner notre sang en réponse au sang versé ». Ou bien : « J’ai fait un jour un long trajet en voiture avec deux jeunes de la cité des Mureaux, deux jeunes complétement déscolarisés et très difficile à intéresser à une activité plus d’une demi-heure de suite. Je me suis mis à leur parler pendant le voyage de l’histoire de France et en suis venue à Jeanne d’Arc, qui avait 18 ans, comme eux. Ils étaient captivés et n’ont pas ouvert la bouche pendant 50 minutes. Ils m’ont supplié ensuite d’aller à Rouen, ça faisait un sacré détour, mais on l’a fait. Car je voyais qu’ils étaient passionnés. » Et encore : « Nous les musulmans, nous ne nous reconnaissons pas dans ce que font les djihadistes. Ils n’ont pas compris l’Islam. Nous ce que nous voulons, ce sont des rencontres comme celles-ci, c’est de pouvoir se parler, se connaître, se retrouver régulièrement ».
Enfin, apothéose de la journée : une magnifique photo de groupe dans la cour du Rocher, suivie d’un mémorable « Repas saveurs du monde » aux accents culinaires les plus exotiques et agrémenté d’un rap chanté par deux jeunes de l’association satellite du Rocher, RIBAT, qui accompagne les jeunes 16-30 ans en difficulté d’insertion à Bondy et aux Mureaux. Là aussi, il s’agissait d’un bouquet ! Car ce rap avait été composé l’après-midi même, à partir de mots que les participants du colloque avaient été invités à écrire sur des languettes de papier, pendant les ateliers et que que les jeunes de RIBAT ont ensuite récoltées. Une belle note d’espérance en guise de conclusion !