En mission dans les quartiers sensibles.

DE BONDY À L’ORÉAL

Arrivé en France, à Bondy, en 1999, Jaurès Tchofa, 27 ans, a passé son bac Sciences et Techniques de Laboratoire, fait un BTS puis une licence professionnelle. S’il est aujourd’hui technicien-chimiste chez L’Oréal à Saint-Ouen, c’est grâce à sa détermination et à l’appui du Rocher qui l’a soutenu tout au long de son insertion.

Depuis quand connais-tu Le Rocher et Ribat ?
J’ai connu Le Rocher vers l’âge de 15 ans, en traînant dans mon quartier Nord de Bondy. Les garçons que je fréquentais m’y ont emmené. À partir de là, je suis régulièrement passé à l’antenne. Par la suite, j’ai participé à la fondation de Ribat, en 2012.

Quelle est l’intuition de Ribat ?
Nous avions déjà un accompagnement au Rocher, mais Ribat nous a permis d’avoir une structure spécialement dédiée à nous, jeunes du quartier, avec un local à part et un accompagnement spécifique. Nous n’étions plus mélangés avec les plus jeunes ou avec des adultes – aux problématiques différentes. C’est un endroit où l’on peut se retrouver entre jeunes, pour échanger, s’entraider. Le Rocher-Ribat permet de mettre en avant les capacités de chacun, ses points positifs et ses traits de caractères comme le leadership, le partage, la curiosité de découvrir des centres d’intérêt autres que ceux que nous offre le quartier, etc.

Comment Le Rocher, et plus tard Ribat, t’ont-ils accompagné ?
Je devais trouver un stage afin de valider mon BTS, mes pistes n’aboutissaient pas. Le Rocher m’a mis en contact avec L’Oréal à Aulnay et m’a aidé à réaliser mon CV. Grâce au Rocher, j’ai réalisé ce premier stage qui a été une étape décisive : première fois que j’étais confronté au métier auquel je me formais et de plus dans un grand groupe, ce qui ajoute une pression positive : je devais montrer ce que je valais dans mon activité, dans ce milieu-là, je devais me défendre en tant que “jeune des banlieues”, prouver que j’étais aussi compétent qu’un autre, qu’on pouvait compter sur moi. Par la suite, cela m’a permis d’intégrer d’autres entreprises prestigieuses : Hermès, Sisley…
Depuis un an, je travaille à nouveau chez L’Oréal. Le Rocher a été la rampe de lancement pour ma carrière. Le fait d’avoir un travail m’a permis de voir plus grand et plus loin dans mes projets professionnels et personnels, de ne plus avoir peur des responsabilités, et de gagner en compétences.Par ailleurs, je suis parti vivre pendant 3 mois en Irlande après ma licence pour améliorer mon anglais, grâce au Rocher-Ribat qui m’a mis en relation avec la mission locale, afin d’intégrer le cursus Érasmus dans mon projet professionnel et personnel.

Quelle est la plus-value de l’accompagnement du Rocher ?
Le Rocher est partie intégrante de la vie quotidienne des habitants qui fréquentent ses antennes. L’association a un volet éducation pour les enfants, un volet accompagnement pour les adultes, et est en train de développer un volet autour de la question d’insertion des grands jeunes, avec un accompagnement spécifique à leur âge, à leurs problématiques, besoins et envies. Ainsi, Le Rocher-Ribat a été construit par nous, grands jeunes de Bondy Nord, avec ce que nous a donné Le Rocher : il est donc calqué, construit d’après nos besoins. Avec une structure comme Ribat, le jeune n’a pas à se “couler dans un moule” ou suivre un modèle, mais plutôt à bâtir son propre chemin à partir de ce qu’il est. Quels sont tes meilleurs moments avec Le Rocher et Ribat ? Je garde un bon souvenir des rencontres avec les entreprises : j’ai par exemple eu la chance de découvrir un campus de la BNP-Paribas. Ces moments m’ont permis de côtoyer des personnes d’horizons et milieux différents, ce qui est toujours très enrichissant. Une des rencontres qui m’a le plus marqué est qu’une cadre haut placée chez McDonald’s nous a invité chez elle, à Paris pour le déjeuner : cette femme avec un gros poste a invité des petits jeunes du quartier chez elle gratuitement ; elle ne nous connaissait pas et nous a reçus comme des proches, seulement parce qu’elle croyait en notre projet et souhaitait nous soutenir. Ça a été un beau moment d’échange.

Quelles relations entretiens-tu avec Ribat aujourd’hui ?
Lors d’événements ou réunions, j’essaie toujours de me rendre disponible et de passer. Cela me permet de cultiver le besoin de partager, d’échanger ce que j’ai reçu, du monde de l’entreprise ou d’ailleurs, comme du milieu artistique. Plus jeune, j’ai fait partie d’un groupe de rap, qui a eu un impact fort sur le quartier et sur la ville de Bondy en général : quand l’un de nous s’exprime au niveau musical, les plus jeunes qui nous ont écoutés, tiennent compte de notre parole ; ma situation autant professionnelle que musicale motive mes petits frères et rend fiers mes parents.

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