Continuer à les entourer et à partager de bons moments avec elles pendant le confinement : c’était l’objectif commun des bénévoles des ateliers socio-linguistiques des Mureaux. Aucune raison de lâcher ces femmes qui sont autant nos amies que nos élèves. Au contraire !
Whatsapp a été d’un grand secours pour continuer les activités de lecture, écriture, dictée… Mais avec des limites évidentes pour la compréhension écrite : petit écran, difficulté de personnalisation des exercices, horaires décalés pour chacune… Un coup de fil de temps à autre nous a aussi permis de garder le contact et de les faire parler français. Quelle joie et quelle reconnaissance pour nous toutes de pouvoir échanger des petits moments de nos quotidiens bousculés. Les premières semaines ont été riches en échange et même encore l’occasion de progresser.
Cependant, le confinement a encore amplifié les différences sociales et il nous a fallu beaucoup d’empathie pour tenter de comprendre les problématiques de chacune. Comment supporter de vivre 8 semaines dans des appartements très exigus, sans balcon ? Comment se transformer en maîtresse et faire travailler ses enfants qui sont déjà en risque d’échec scolaire alors que le français n’est pas la langue maternelle ? Comment aller faire ses courses quand il n’y a pas d’imprimante à la maison pour avoir sa dérogation et que l’écrire à la main est si difficile ? Comment être en télétravail avec des tout-petits sur les genoux ? Comment forcer ses enfants presqu’adultes et confinés à la maison à participer à la vie familiale alors que les jeux vidéos sont tellement plus attractifs? Et comment faire tout cela quand le mari est en Afrique depuis plusieurs mois ?
A trois jours du déconfinement, nos amies sont fatiguées, lassées. En particulier les plus seules, les veuves et grands-mères. Les jeux et le travail en français qui sont si importants pour elles en temps normal car seuls moyens d’être indépendantes, semblent de moins en moins les intéresser. Pourtant, leur affection pour nous est toujours vive. Mais à quoi cela leur sert-il si elles n’ont plus le contact humain ? Malheureusement, le virus circule encore et la peur encore plus, alors nous revoir bientôt ne semble pas possible. Goûter leurs délicieux couscous et leurs sucreries, les serrer dans nos bras et les entendre nous faire rire n’est pas pour demain. Il faudra donc nous réinventer pour les soutenir encore… Sans lassitude, avec courage, en comptant sur l’Esprit Saint pour nous y aider !