En mission dans les quartiers sensibles.

Retraités en cité

Pierre et Isabelle Chazerans, couple de seniors, ont choisi de quitter Aix-en-Provence pour aller habiter en cité. Ils ont passé 5 ans de leur vie dans des quartiers prioritaires en service au Rocher, aux Mureaux, à Rillieux-La-Pape et à Nîmes, et ont écrit un livre pour raconter leur expérience. *

Quelle est votre plus grande joie de cette mission du Rocher ?
Isabelle : Nous en avons 10000 ! C’est avoir des nouvelles des habitants, et de voir leur fidélité à garder contact.
Pierre : Ma plus grande joie a été de voir un jeune très dur, qui n’avait pas confiance en lui nous confier après une session Roc’job pour de l’accompagnement vers l’emploi : « J’ai découvert
que j’avais des qualités, que je pouvais me pardonner et que je peux imaginer un autre monde que la cité. Je sors transformé ! »

Racontez-nous une rencontre marquante !
I. : Lorsque nous étions à Nîmes je me suis liée d’amitié avec une femme qui venait au Café des Femmes. Elle se plaignait de douleurs de ventre et souhaitait déménager dans un appartement au rez de-chaussée. Intérieurement, je pensais que c’était un simple caprice… J’ai appris qu’elle est décédée quelques années après notre départ de la cité, à la suite de maux de ventres très douloureux. J’ai été mise face à mon jugement intérieur, et j’ai réalisé l’importance d’avoir le cœur ouvert.
P. : Un grand jeune est entré au Rocher très énervé, et après avoir craché sa colère, il s’est confié sur sa vie et son parcours, ses galères et la spirale de délinquance dans laquelle il se perdait. A la fin, il nous a regardés et nous a dit : « Wesh frère, à l’époque je n’avais pas un Rocher à côté de moi pour m’empêcher de faire tout ça ». Ce moment nous a confortés dans la raison de notre présence au coeur des cités !

Pour vous la fraternité c’est quoi ?
I. : La fraternité fuit la position de supériorité. Elle permet d’arriver avec le cœur ouvert et de recevoir beaucoup de l’autre. C’est ce qui se vit en cité, on apprend à travers les rencontres régulières, on tisse des liens, et on s’accepte.
P. : Avant la cité, on choisissait tout, on allait vers ce qui nous plaisait, que ça soit dans le cercle amical ou professionnel. En cité on a compris que la fraternité naît de l’accueil inconditionnel.

Quels sont les fruits de la mission que vous retenez ?
I. : Le Rocher m’a appris l’ouverture du coeur et a creusé ce désir de prendre soin des autres. Je réalise que toute rencontre qui se fait en vérité et dans le cœur à cœur est féconde. Je garde vraiment ce goût de la rencontre de celui qui est différent. Sortir de sa  zone de confort, même si ça bouscule, cela apporte une vraie joie.
P. : Le Rocher a opéré un changement profond de mon regard sur l’autre, de ma capacité à aller vers l’autre, surtout le plus démuni. Je retiens également que la fraternité qui se vit en cité et cet esprit de service ne se cantonnent pas à la mission du Rocher, mais sont à vivre au quotidien, après avoir quitté la cité !

Quel message pour les 20 ans du Rocher ?
I. : Nous voudrions remercier les donateurs, et tous les parrains qui ont aidé Le Rocher à se développer ! Nous souhaiterions aussi encourager chacun à parler du Rocher dans son entourage, pour que cette œuvre puisse continuer à se développer tant financièrement qu’en énergie humaine !
P. : Pendant notre pot d’adieu pour quitter Aix, une  amie qui a peu de moyens m’a donné 10€ pour notre mission et cela m’a touché. Le Rocher doit avoir à coeur de faire attention à chaque euro dépensé ! Pour être un poisson dans l’eau en cité, et garder cette identité catholique dans son action laïque, Le Rocher a besoin d’une certaine indépendance des institutions, et donc des dons de particuliers !

Un petit mot pour ceux qui hésiteraient à s’engager ?
I. : N’ayez pas peur ! Allez voir dans une antenne, engagez-vous à proximité de chez vous, venez et voyez !
P. : C’est normal d’avoir peur, car la cité n’est pas un endroit a priori attirant ni aimable. Mais dans la seconde où on a décidé d’oser la rencontre, je vous assure que toutes les peurs sont tombées !

 

* Oser la rencontre – Récit de 5 années en cité  aux Éditions Emmanuel, février 2021
À se procurer :
– auprès de votre libraire de quartier (ISBN du livre : 9782353898800)
– en le commandant auprès de l’éditeur : https://www.librairie-emmanuel.fr
– via les réseaux Cultura, Espaces culturels Leclerc et à la FNAC.

 

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