En mission dans les quartiers sensibles.

Sortir de la cité, voir du beau et éveiller au goût de l’effort

10 Mar

Sortir de la cité, voir du beau et éveiller au goût de l’effort

” Depuis un certain temps, H., 15 ans, nous faisait part de son désir d’aller courir. Moi qui n’arrivais pas à me motiver pour faire du sport, je me suis dit que c’était l’occasion. C’est ainsi que régulièrement, le samedi matin, je me lève à 7h, je prends en voiture H. qui est parfois accompagné de certains de ses collègues et nous filons sur la côte bleue pour courir une petite heure tôt le matin. Le cadre est magnifique et l’heure nous permet de profiter de splendides levers de soleil. Je ne pensais vraiment pas qu’ils seraient motivés pour se lever de si bonne heure, mais il faut croire que bosser le cardio ainsi en pleine nature a eu raison de leur flemme. Et à leur manière, ils savent s’émerveiller : H., poète à ses heures perdues, cite PNL : « La misère est si belle », alors que l’on voit au loin le soleil se lever sur les quartiers ; Z. ne cesse de répéter que « ça tue » et qu’après ça, « je suis frais pour une belle journée ». Un matin N. décide que courir c’est sympa un temps, mais qu’il s’agit maintenant de passer aux choses sérieuses et le voilà qui prend avec lui ses gants de boxe. Et c’est ainsi qu’en ayant pour octogone les collines de la Côte Bleue et pour seuls spectateurs les premiers rayons de Soleil, je me retrouve à faire mon premier combat de boxe. Ce comorien d’1m80, si souriant 5min avant, a tout d’un coup le visage fermé et concentré. Les coups pleuvent et j’avoue qu’une ou deux droites bien placées ont achevé de me réveiller. Une autre fois, H. est venu seul et ce fut l’occasion de partager un très beau moment de qualité. J’ai été très touché par sa lucidité sur certains sujets qui, quand j’avais 15 ans, me semblaient bien lointains : la paternité, le rôle de grand frère, rapporter des sous à la maison pour aider maman, trouver un moyen honnête de se sortir des quartiers… Une pression immense repose sur ces « grands » qui dans les faits, n’ont que 15 ans… Et qui aiment également discuter de sujets plus communs quand on a seulement 15 ans : la religion, l’amitié, les filles… A ce sujet, H. a les idées claires : « Sois un roi avant de vouloir une reine ! ». Belle ligne de conduite !”

Nicolas, en Service Civique à Marseille

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