L’autre soir, une voiture a brûlé pour règlement de compte… L’autre soir encore, les tirs se sont succédés … et sous une autre lune, le bar tabac a été saccagé. Et entre chaque drame, la cité parait si calme. Les habitants y semblent habitués… En réalité, ils ont tant de peur dans le ventre que des murs de protection s’élèvent entre chacun: « Je dois contrôler les allers et venues de mon fils pour qu’il ne soit pas embrigadé dans le trafic », «Ma voiture était garée à côté de celle qui a brûlé, heureusement que mon grand a pu la déplacer à temps », « Certains me regardent et me font comprendre que je ne m’habille par comme ils le souhaiteraient ». Ce sont des murs bien trop solides et bien trop fragiles à la fois… tout le monde se connait sans se connaitre… chacun cherche à se préserver de la violence verbale, physique ou morale. Dans ce contexte, il nous semble que la grâce du Rocher opère surtout lors des rencontres faites dans la rue ou bien plus encore dans les familles, qui nous ouvrent étonnamment leurs portes. Selon nous, le plus urgent, c’est cela : rencontrer. Connaitre. Questionner. S’intéresser. Aimer au-delà de nos préjugés. Cela nous est rendu possible car nous sommes du même quartier et que les habitants se livrent à nous – en tant que Rocher – si simplement, si humblement. L’audace du Rocher semble bien appréciée, elle pose question : « Pourquoi vous vous intéressez à nous ?»